Knowledge is a deadly friend when no one sets the rules. The fate of all mankind I see is in the hands of fools. King Crimson - Epitaph (1969)

La cause et l'effet

Écrit par Paul Renard. Publié dans Humeurs du moment

C'est une évidence : chaque effet résulte d'une cause, voire de la conjonction de plusieurs. Si l'on prend par exemple les récentes inondations dans le Pas-de-Calais, la cause semble évidente : les pluies diluviennes. Et généralement, on s'arrête là.

Et pourtant, ces pluies diluviennes ne sont pas une cause, mais bien un effet ! Les véritables causes apparentes sont :

1 – le changement climatique

2 – l'imperméabilisation des sols

L'augmentation des températures a également une cause, c'est donc encore un effet.

Car cette augmentation est due – et, quoi qu'en disent les climato sceptiques – à l'activité humaine. C'est aujourd'hui une certitude, validée par les scientifiques du GIEC, le Groupement Intergouvernemental pour l'Étude du Climat. Nous sommes aujourd'hui à + 1,4°, soit très proches de la limite prévue par les fameux "Accords de Paris". Pourquoi ce réchauffement entraîne t'il des pluies diluviennes ? Tout simplement parce que les eaux des océans étant plus chaudes, l'évaporation est plus importante, et donc les pluies qui en résultent potentiellement plus intenses. Et le tout est aggravé par un phénomène naturel : le jet-stream, ce courant d'altitude qui circule en permanence en altitude d'ouest en est, conformément à la rotation de la Terre, à une vitesse moyenne de 200 kilomètres à l'heure. Mais il arrive qu'il ralentit et tend alors à descendre. Si une dépression se trouve dans son sillage, elle est alors aspirée, accélérée, et se transforme en tempête. Ce fut le cas de Ciaran et de Domingos par exemple. Les précipitations sont alors concentrées sur un secteur limité et produisent les résultats que l'on sait.

La seconde cause – mais c'est aussi un effet – est l'imperméabilisation des sols donc la cause est, encore une fois, l'activité humaine : on bétonne dans les villes où les eaux pluviales finissent dans les égouts avec les eaux usées jusqu'à saturation, et dans les champs, l'agriculture intensive sur d'immenses surfaces a rayé de la carte les haies, les arbres, les fossés de drainage, et surtout le drainage des sols assuré par la biodiversité qui ameublit naturellement les terres. Résultat : les eaux pluviales ne peuvent plus s'écouler normalement dans les nappes phréatiques.

Ce sont là les vraies causes des inondations catastrophiques de ces derniers mois dans le nord de la France, mais aussi en Belgique. Et pourtant, personne n'en parle, à commencer par les médias qui se contentent de faire "du sensationnel". On interviewe des victimes qui bien évidemment ne vont pas dire : "super ! J'ai un bain de boue dans mon salon !". Des reportages stériles qui ne nous apprennent rien que nous ne sachions déjà. L'info doit continuer, être rapide et ne surtout pas s'attarder. Des élus en profitent pour faire leur apparition sur les écrans et jouent leur partition, et puis on passe à d'autres sujets dont aucune analyse ne sera non plus proposée. "Analyser les évènements ? Non mais vous n'y pensez pas ! On a un JT à boucler, nous"...

Et pourtant, lorsqu'on voit qu'un modeste 1,4° provoque déjà de telles catastrophes, qu'en sera t'il quand on atteindra 2, voire 3° supplémentaires ? "Alors, que faire ?" me direz-vous ? Lorsque j'en parle, je me retrouve souvent devant la réaction puérile qui consiste à dire "Ah non ! Qu'on ne me dise pas que je suis responsable !". Ben tiens, c'est forcément de la faute des autres si ça va mal. Un argument largement exploité dans l'Histoire et aussi dans le présent pour mettre sur le dos de boucs émissaires toute la misère du monde. Argument qui a, par exemple, conduit à assassiner 6 millions d'innocents dans les camps de concentration nazis. On remarquera au passage que ce sont bien souvent les mêmes personnes que l'on retrouve chez les négationnistes d'extrême-droite... et aussi d'extrême-gauche...

Bien sur que si, nous sommes collectivement tous responsables ! Tant qu'on verra 900 kilomètres de bouchons sur les routes lors des vacances, tant qu'on continuera à prendre l'avion pour un oui ou pou un non, pour se payer l'illusion de vacances au soleil dans un monde où tout va bien, tant qu'on continuera à consommer comme des malades, dopés par la propagande des vendeurs de réclame, tant qu'on pensera que les fruits et légumes poussent toute l'année, qu'il faut manger de la bidoche midi et soir, changer son smartphone tous les 3 mois, ou son téléviseur à chaque coupe du monde, bref : tant qu'on aura pas compris que c'est notre mode de vie qu'il faut changer – ce qui ne signifie pas "revenir au Moyen Âge" comme le prétendent certains – et que nous sommes, individuellement et collectivement, les acteurs de cette dérive, la situation ne fera qu'empirer, tant au niveau local qu'au niveau international : lorsque la montée des eaux provoquée par la fonte des glaciers Arctiques et Antarctiques provoquera la migration de centaines de millions de personnes, que fera t'on ? On mettra des barbelés à nos frontières et des miradors pour tirer à vue sur les arrivants ? Comme le fameux mur de Fatduck ?

Au nom de la sacro-sainte croissance, les économistes prétendaient dans les "30 glorieuse" que pour maintenir cette croissance, il fallait que la consommation double tous les 8 ans. Une parfaite idiotie lorsqu'on sait que la croissance est une utopie basée sur l'infinité des ressources. Or ces dernières sont loin d'être infinies et la nouvelle utopie qui consiste à dire qu'on va aller les chercher sur d'autres mondes va rapidement se heurter aux coûts exorbitants que cela nécessite.

Quant aux États, hormis de belles paroles lors de COP, rien ou trop peu est mis en œuvre. Par exemple, plutôt que de revoir la copie en matière de transports, ce qui pourrait s'avérer délétère lors des élections, on vend à tout va des véhicules électriques dont la production est aussi polluante qu'un voiture thermique durant toute sa durée de vie. Au lieu de prendre le taureau par les cornes et repenser intégralement nos modes de transport : redévelopper les réseaux ferroviaires et d'une manière générale les transports en commun, les rendre gratuits pour tous et partout, privilégier le ferroutage plutôt que le routage par camions, relancer le transport fluvial, etc. Mais aujourd'hui, une plateforme de vente en ligne n'hésite pas à envoyer un 39 tonnes pour livrer de Pologne un seul colis à destination du sud de la France !

En 2023, le monde n'a jamais autant produit de G.E.S. (gaz à effet de serre), le fameux jour du dépassement (la date où l'humanité à consommé toutes les ressources que la Terre est capable de renouveler en 1 an) est tombé le 2 août (pour la France c'était le 5 mai, c'est dire si nous avons des efforts à faire) et cette date ne fait que reculer d'année en année : qu'en sera t'il lorsque ce fameux jour du dépassement tombera le 1° janvier ? On dépose le bilan ?

On le voit : avec ce – trop – rapide bilan, l'heure n'est plus aux palabres stériles, aux belles promesses, mais à l'action de chacun d'entre nous. Alors, la prochaine fois que vous envisagerez d'acheter un vêtement dont vous n'avez pas besoin mais qui est soldé ou pire : pas cher car fabriqué en Chine par des prisonniers politiques, de consommer des tomates en janvier, de changer votre lave-linge parce qu'il fait du bruit (il suffit de changer les amortisseurs la plupart du temps), d'acheter le dernier smartphone parce que vous voulez épater votre entourage, partir à l'autre bout du monde pour finalement rester allongé dans un transat sur une plage bondée, bref je pourrais multiplier les exemples à l'infini, réfléchissez et posez-vous la question : est-ce que j'en ai vraiment besoin ?

Une jolie pépite...

Écrit par Paul Renard. Publié dans Humeurs du moment

Bien souvent, sur les réseaux dits "sociaux", on ne trouve que des choses sans grand intérêt, parfois des "infox", ou encore de la propagande généralement extrêmiste. Mais, de temps en temps, surgit une petite pépite et je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous celle-ci, issue d'un groupe nommé "Lecture/Echange" :

La disparition progressive des temps (subjonctif, passé simple, imparfait, formes composées du futur, participe passé…) donne lieu à une pensée au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le temps.
La généralisation du tutoiement, la disparition des majuscules et de la ponctuation sont autant de coups mortels portés à la subtilité de l’expression.
Supprimer le mot «mademoiselle» est non seulement renoncer à l’esthétique d’un mot, mais également promouvoir l’idée qu’entre une petite fille et une femme il n’y a rien.
Moins de mots et moins de verbes conjugués c’est moins de capacités à exprimer les émotions et moins de possibilité d’élaborer une pensée.
Des études ont montré qu’une partie de la violence dans la sphère publique et privée provient directement de l’incapacité à mettre des mots sur les émotions.
Plus le langage est pauvre, moins la pensée existe.
Il n’y a pas de pensée critique sans pensée. Et il n’y a pas de pensée sans mots.
Comment construire une pensée hypothético-déductive sans maîtrise du conditionnel? Comment envisager l’avenir sans conjugaison au futur? Comment appréhender une temporalité, une succession d’éléments dans le temps, qu’ils soient passés ou à venir, ainsi que leur durée relative, sans une langue qui fait la différence entre ce qui aurait pu être, ce qui a été, ce qui est, ce qui pourrait advenir, et ce qui sera après que ce qui pourrait advenir soit advenu?
Si un cri de ralliement devait se faire entendre aujourd’hui, ce serait celui, adressé aux parents et aux enseignants: faites parler, lire et écrire vos enfants, vos élèves, vos étudiants.
Enseignez et pratiquez la langue dans ses formes les plus variées, même si elle semble compliquée, surtout si elle est compliquée.
Parce que dans cet effort se trouve la liberté.
Ceux qui expliquent à longueur de temps qu’il faut simplifier l’orthographe, purger la langue de ses «défauts», abolir les genres, les temps, les nuances, tout ce qui crée de la complexité sont les fossoyeurs de l’esprit humain.

Le Monde des Non-A

Écrit par Paul Renard. Publié dans Humeurs du moment

 

J'ai récemment relu deux chefs d'œuvres d'Alfred Elton van Vogt, Le Monde des Non-A et les Joueurs du Non-A dans lesquels l'auteur décrit ce que peut être une pensée non-aristotélicienne. J'avais déjà lu ces romans dans les années 70, mais je dois dire que le gamin que j'était à l'époque n'avait pas franchement "accroché" : je trouvais cela bizarre, lourd et très loin des ouvrages qui me faisaient alors rêver, tels ceux de Frank Herbert, Isaac Asimov, Philip Dick ou encore Ray Bradbury pour ne citer qu'eux.

Dans ces deux histoires, l'auteur décrit une humanité dont une grande partie est restée fidèle à la philosophie aristotélicienne, tandis qu'une autre a développé une culture non-aristotélicienne. Quelle est la différence allez-vous me dire ?


 

En fait, c'est assez simple, dans la société aristotélicienne, les réactions purement thalamiques déterminent le comportement individuel et collectif, dans la société non-aristotélicienne, ce sont des réactions plus complexes, cortico-thalamiques. Pour simplifier, les premiers réagissent en fonction de leurs émotions qui siègent dans la partie du cerveau nommée thalamus, les seconds en fonction d'une pensée mêlant une autre partie du cerveau, le cortex, avec le thalamus : les émotions sont alors combinées à  la perception et la compréhension intégrale des tenants et aboutissants d'une situation donnée. Là, vous avez compris mais vous vous demandez maintenant où je veux en venir ?

Âmes Animales - J-R Dos Santos

Écrit par Paul Renard. Publié dans Humeurs du moment

Comme vous le savez sans doute – et si non, c'est le bon moment pour le savoir – j'ai en 2004 fait un infarctus rénal. Depuis lors, je suis insuffisant rénal chronique. C'est d'ailleurs ce qui m'a permis de me lier d'amitié avec mon médecin et, accessoirement, d'imaginer d'après nos innombrables conversations, la 10° Planète dont je rappelle que les tomes 1 et 2 sont toujours disponibles sur toutes les plates-formes e-book ! Un peu de promo ne fait jamais de mal, pas vrai ?

Après avoir assuré tant bien que mal une fonction rénale, certes déficiente mais à peu près stable durant 20 ans, le rein qui me reste s'est soudain rappelé à mon mauvais souvenir lors d'un bilan sanguin de contrôle : la clairance de la créatinine s'est effondrée en février 2023 jusqu'à la limite de l'hémodialyse. Une ligne rouge dans mon esprit. Prenant le taureau par les cornes, j'ai donc mis au point un régime alimentaire excluant quasiment toute protéine animale. J'ai aussi accessoirement éliminé totalement tout alcool. Les résultats ont été surprenants ! La clairance est remontée à un niveau jamais atteint depuis la première crise, au grand étonnement du corps médical !

À ce stade, vous êtes sans doute en train de vous demander : "mais où est-ce qu'il veut en venir, pépère ?"... "et, quel rapport avec le titre de l'article, Âmes Animales" ?

J'y viens !

Carnac, la polémique

Écrit par Paul Renard. Publié dans Humeurs du moment

Les médias se frottent les mains ; la guerre en Ukraine, la faim dans le monde, les innombrables conflits (Yemen, Soudan, Congo,...), finissent par lasser. C'est devenu banal d'en parler. Même le réchauffement climatique ne donne plus à voir que des congrès internationaux au cours desquels les chefs d'état se congratulent à foison devant les "progrès" accomplis lors des discussions... qui vont se poursuivre indéfiniment jusqu'à ce qu'il soit vraiment trop tard. Alors, qu'est-ce qu'on pourrait bien se mettre sous la dent ? Un crime bien sordide ? Tiens oui, pas mal, d'autant qu'il y en a de plus en plus. Mais bon, ça occupe l'affiche quelques jours sous forme d'envoyés spéciaux qui ne nous apprennent rien de plus, de micro-trottoir stériles où l'on apprend que "c'était un gentil garçon", "une famille sans histoire", "que cela devait arriver", et autre niaiseries, en attendant la désormais traditionnelle "marche blanche", et puis on attend le suivant... pour réitérer le même scénario. Alors, quand on tient un truc original, c'est bingo ! Enfin du neuf à mettre en images ! Et, en l'occurrence, il s'agit de la destruction d'un présumé site archéologique.