Knowledge is a deadly friend when no one sets the rules. The fate of all mankind I see is in the hands of fools. King Crimson - Epitaph (1969)

Eoliennes, un faux débat !

Écrit par Paul Renard. Publié dans Humeurs du moment

C'est bien connu : à chaque fois que l'on veut installer une éolienne quelque part, cela suscite immédiatement un tollé général : "c'est laid", "ça détruit la vue", "ça fait du bruit", "c'est dangereux", "ça tue des oiseaux", etc.

Évidemment, personne n'a envie de voir une éolienne au bout de son jardin ! Mais personne n'a non plus LA solution miracle, celle qui permettrait de produire de l'électricité sans abîmer l'environnement, sans abîmer la vue que l'on a de sa terrasse.

Pourtant, l'humanité réclame de plus en plus d'énergie, et ce dans tous les domaines : transports, chauffage, éclairage, sans compter les nouvelles technologies gourmandes en énergie comme le montre le tableau suivant :

 

Il s'agit bien entendu de la consommation énergétique globale (tous types d'énergies confondus), incluant pour une part la production d'électricité. On le voit clairement, les énergies renouvelables sont à la traîne, tandis que les énergies fossiles restent très largement majoritaires : pétrole, charbon, gaz naturel, gros producteurs de Co2.

À ce propos, connaissez-vous l'impact carbone de nos smartphones ? Voici un tableau édifiant, réalisé par deux futurs ingénieurs de l'ICAM (Institut Catholique des Arts et Métiers, Lille) :

Et ce tableau ne parle que de l'impact carbone du à la simple recharge des appareils.

Avant de continuer, voici un reportage édifiant réalisé par France 3 Hauts-de-France :

https://youtu.be/1VKBLb2KtT0

On le voit, c'est un tollé général. On peut le comprendre dans la mesure où il y a déjà plusieurs éoliennes implantées autour de ce village. Là où on comprend moins, c'est lorsque l'on parle de "terrain sacré" (ancien champ de bataille). Si l'on suit ce raisonnement, alors il ne serait plus possible de construire quoi que ce soit nulle part, dans la mesure où, depuis l'aube de l'Humanité, on peut considérer que chaque parcelle de terrain sur cette planète a, sans aucun doute, servi de champ de bataille un jour ou l'autre !

Voici deux autres tableaux : l'un montre l'évolution de la consommation d'électricité dans le monde, l'autre celle de la consommation d'électricité en France.

De 1973 à 2013, l'Humanité a vu sa consommation électrique multipliée par 3, 54.

Pour la France, cette consommation reste relativement stable depuis 2008, après une forte montée de 1973 à 2008. Cette forte montée tient essentiellement au fait que le nucléaire a permis de fabriquer une énergie bon marché durant une décennie ou deux. Rappelons-nous à ce propos ces campagnes publicitaires stupides vantant les mérites du "bon génie nucléaire", poussant les citoyens à privilégier le tout électrique, notamment pour le chauffage, en installant à qui mieux mieux des radiateurs électriques peu performants à l'époque dans des lieux mal isolés. Cela ne semble par du au prix du KWh qui est resté relativement stable depuis 1985, après une forte augmentation, mais plus certainement grâce à une prise de conscience sur l'impact environnemental : aides diverses à l'isolation des bâtiments, nouvelles normes de construction, sensibilité écologique plus grande, etc.

Quoiqu'il en soit, l'Humanité consomme de plus en plus d'électricité. Quelles sont alors les moyens de satisfaire cette demande, tout en ne détruisant pas toute vie sur notre planète ?

Il est clair que les énergies fossiles doivent disparaître, pour plusieurs raisons : les sources d'approvisionnement s'amenuisent, les coûts d'extraction augmentent en conséquence, l'impact sanitaire est loin d'être négligeable, et surtout cela provoque l'actuel réchauffement climatique, qui sera responsable de multiples catastrophes dans les décennies à venir : phénomènes météo intenses et de plus en plus nombreux (l'actualité est là pour nous le montrer !). Voici, à ce propos, un autre reportage de France 3 Hauts-de-France sur l'impact de la montée inéluctable du niveau des océans :

https://youtu.be/_QFyk6-5tOE

Édifiant, n'est-ce-pas ? Et encore, ce reportage ne montre que l'hypothèse "basse" (1 mètre).

Il est clair également que le nucléaire est lui aussi appelé à disparaître : la technique de fission est, qu'on le veuille ou non, dangereuse et surtout produit des déchets dont la demi-vie se compte pour certains en milliers d'années. Où stocker ces déchets, que l'on ne sait pas traiter, en sécurité, pour des milliers d'années ?

Et puis, on l'a vu, le moindre incident provoque des catastrophes à l'échelle planétaire !

Quant à la fusion nucléaire, bien moins productrice de déchets radioactifs, cela reste pour le moment une expérience pharaonique à Cadarache avec le projet ITER dont on ne sait absolument pas si cela peut fonctionner, dans la mesure où cela implique la formation d'un plasma à ultra haute température, dont l'instabilité, dite de Velikhov, rend pour le moment impossible toute production pérenne. Tout juste arrive t'on à l'heure actuelle à produire une réaction de fusion durant quelques millisecondes... Si toutefois ITER est un jour opérationnel, il ne produira pas le moindre watt. Pour cela, il faudra attendre DEMO, vers 2050, et encore attendre PROTO, vers 2100, qui serait alors la première centrale à fusion nucléaire opérationnelle.

Que reste-il alors ? Les énergies renouvelables qui seront la seule solution d'avenir !

Car des solutions, il y en a, toutes opérationnelles, peu coûteuses, et, hormis la construction des centrales elles-mêmes, non polluantes.

Les éoliennes, bien sûr, mais aussi les hydroliennes, les panneaux solaires (pour lesquels on pourrait consacrer une partie des milliards d'euros d'ITER en recherche afin d'améliorer leur rendement), les barrages (avec pour eux un gros bémol sur l'impact environnemental), les centrales solaires thermiques, comme Gemasolar près de Séville,

ou encore les centrales hydroélectriques, qui, combinées à l'éolien permettent de produire de l'électricité même la nuit, telle Soccoridos sur l'île de Madère, qui utilise les éoliennes pour alimenter des pompes faisant remonter l'eau utilisée par la centrale, créant ainsi un circuit fermé.

Comme quoi les ingénieurs ont de bonnes idées dans leur carton, pour peu qu'on leur demande !

Pour conclure, je dirais au détracteurs du renouvelable que, oui les éoliennes peuvent être perçues comme une dégradation de l'environnement visuel, oui elles ne fonctionnent qu'en cas de vent, que les panneaux solaires ne sont pas très productifs, que les centrales solaires thermiques prennent beaucoup de place,etc. Tous ces arguments sont recevables, mais, toujours à l'intention de ces détracteurs, que pensent-ils de la "beauté" d'une centrale nucléaire potentiellement dangereuse, ou de celle d'une centrale thermique polluante ?

Si l'on veut laisser un monde habitable pour les générations futures, il est plus que temps de cesser d'argumenter et d'agir en conséquence.