Knowledge is a deadly friend when no one sets the rules. The fate of all mankind I see is in the hands of fools. King Crimson - Epitaph (1969)

La démocratie par tirage au sort ?

Écrit par Paul Renard. Publié dans Humeurs du moment

On sait tous que les Grecs ont inventé la démocratie, c'est-à-dire l'élection par le peuple de ses dirigeants. Mais comment se déroulait le vote dans la Grèce antique ? Par tirage au sort !

 

Oui, vous avez bien lu : les Grecs élisaient leurs représentants par tirage au sort. Absurde ? Pas du tout.

En fait, tout citoyen Grec pouvait, un jour ou l'autre, se retrouver "aux affaires", candidat ou pas. Il en reste de nos jours la désignation des jurés dans les cours d'assise.

En Grèce, tous les citoyens (à l'exception des esclaves, des étrangers… et des femmes) était électeur et éligible, même sans l'avoir demandé ! Et la formule n'était pas si bête qu'on peut l'imaginer, jugez plutôt : d'abord, les responsabilités étaient limitées. Il n'y avait donc pas de "super chef". Ensuite, chaque élu n'avait droit qu'à un seul mandat dans son existence. Et enfin, les élus devaient rendre compte durant et à la fin de leur mandat de leurs actions. Un procédé qui empêchait donc tout carriérisme politique et qui prévenait naturellement de toute tentative de voir émerger un dictateur auto proclamé.

Chacun pouvait donc, un jour, se retrouver à un poste de responsabilité limitée à un domaine précis, sans espoir d'en faire carrière.

Alors, absurde cette idée ?

Si nous appliquions aujourd'hui cette méthode, nous n'aurions pas un monde politique englué dans les "affaires", où quelques-uns détiennent à vie un pouvoir bien souvent illimité, et où des repris de justice se retrouvent quelques années plus tard, comme si de rien n'était, ministres. Cela fait des décennies que notre république est entachée d'affaire de corruption, de détournement de fonds, de prises d'intérêts illégales. À gauche comme à droite. Cela fait des décennies que les Français votent, non pour un programme, mais contre la partie adverse, tout en pensant que, de toutes façons, "ils sont tous pourris". Nous donnons depuis des années des responsabilités insensées à des personnes, sinon condamnées, du moins douteuses. Rappelons nous 2002, lorsqu'il s'est agi de voter "escroc" ou "facho"… Et lorsqu'un candidat qui n'a aucune "casserole" se présente, il apparaît fade, trop normal. J'estime personnellement qu'un homme politique, condamné pour son utilisation abusive du pouvoir, devrait avoir la décence de ne plus se représenter, ni d'exercer la moindre fonction publique, ni même de pérorer. Il serait grand temps de moraliser ce petit monde de politicards véreux dont le seul objectif, à la limite de la psychopathie, consiste à accéder aux plus hautes fonctions.

Je ne cite à dessein aucun nom dans cet article, mais il n'est pas difficile de faire un petit effort de mémoire pour trouver les noms de dizaines de politicards ayant trempé dans des affaires louches. C'est à cause d'eux que le peuple ne croît plus en rien, n'accorde aucune confiance aux promesses électorales, à cause d'eux que l'abstentionnisme ne fait qu'augmenter de scrutin en scrutin. À cause d'eux que la corruption gagne toutes le couches de la société : "après tout, pourquoi se priver quand on voit ce qui se passe en haut ?".