Knowledge is a deadly friend when no one sets the rules. The fate of all mankind I see is in the hands of fools. King Crimson - Epitaph (1969)

Mariage pour tous : le débat

Écrit par Paul Renard. Publié dans Humeurs du moment

À l'heure où l'Assemblée Nationale débat sur l'adoption de la loi sur le mariage pour tous, la polémique continue de faire rage au zinc des bistrots. Que n'entend-t-on pas ! Dérive de la société, décadence, etc. On passera sur le niveau plus que douteux de certains (comme cette pancarte devant l'église saint Nicolas du Chardonnet, propriété publique squattée en toute impunité par des cinglés intégristes, qui proclamait : "bientôt on pourra épouser des chèvres"), témoin lamentable d'un QI comparable à celui d'une amibe… Et encore est-ce insulter les amibes…

Plusieurs pays européens ont adopté depuis des années cette mesure sans que cela ne gêne personne. Ainsi, en Belgique, depuis 10 ans, des couples de même sexe se marient dans l'indifférence générale, comme en témoigne l'excellent reportage diffusé le 30 janvier 2013 sur France 3 Nord Pas de Calais, et que je m'efforce de récupérer.

Mais venons-en aux faits, ou plutôt aux critiques de cette loi.

Rappelons tout d'abord que cette loi est simplement destinée à donner à tous et à toutes l'accès au mariage (civil, bien entendu : notre pays est laïc, ne l'oublions pas et personne n'oblige des curés à célébrer le moindre mariage. Donc l'affaire est entendue : le mariage est un contrat, pas un sacrement). Si ce projet inclue l'adoption, il n'inclue absolument pas la PMA (procréation médicalement assistée), contrairement à ce que laisse entendre la droite réactionnaire. Justement voyons leurs arguments :

- Ils disent vouloir protéger les enfants. Faux : les familles homoparentales existent et les enfants ne sont pas protégés par l'état actuel qui ignore l'un des deux parents. Cette loi ouvre donc un cadre juridique protecteur en reconnaissant la filiation. Et de un.

- Ils disent que la procréation, c'est un homme et une femme, et donc un père et une mère. Non ! Les familles sont diverses : homoparentales, monoparentales,… Le droit évolue, et c'est un signe de progrès de civilisation lorsque les règles de vie commune ne sont plus calquées sur les règles naturelles. C'est la biologie qui ne permet pas la procréation entre homosexuels, mais le droit et la morale ont pour mission de transgresser les lois naturelles lorsqu'il s'agit de promouvoir égalité et justice. Et de deux.

- Ils disent vouloir un référendum. Non ! Celui-ci a déjà eu lieu : très précisément le 6 mai 2012 lorsque les Français ont voté majoritairement pour le programme de François Hollande, dans lequel cette proposition de loi figurait en bonne place (proposition n° 31). Organiser un référendum reviendrait à remettre en question la légitimité de l'élection du Président de la République ! Et de trois.

En fait, avec la mobilisation des "anti", nous assistons pour le coup à un vrai mariage contre nature droite-extrême droite ! Là où l'on se mobilise en général pour acquérir de nouveaux droits, on manifeste ici pour empêcher certains citoyens d'avoir les mêmes droits que les autres. Ce sont les mêmes qui manifestaient jadis contre le PACS, l'IVG ou le divorce. Curieusement, la droite, lorsqu'elle s'est retrouvée au pouvoir, n'a jamais remis en cause ces avancées…

Bref, ces vieilles peaux coincées tentent, vaille que vaille, d'empêcher la société d'avancer. Grand bien leur fasse. N'oublions pas que depuis plus de dix ans, ces gens ont tout fait pour privilégier le pouvoir du fric et du profit face à une pauvreté grandissante. Dans le débat qui fait rage aujourd'hui – on se demande pourquoi d'ailleurs – on assiste à une tentative désespérée de vouloir, une fois de plus, faire reculer l'évolution normale des choses. Et d'ailleurs, pour contredire les propos d'un certain Vanneste, réac imbécile de renommée, et de son dauphin Darmanin, l'homosexualité est peut-être la solution à la survie de l'humanité face à la prolifération exponentielle et suicidaire de notre espèce (nous étions 600 millions en 1800, 6 milliards en 2000, plus 1 milliard 500 millions en à peine dix ans, soit autant de bouches à nourrir !).