Knowledge is a deadly friend when no one sets the rules. The fate of all mankind I see is in the hands of fools. King Crimson - Epitaph (1969)

Ciao Depardieu !

Écrit par Paul Renard. Publié dans Humeurs du moment

Suite aux propos de Jean-Marc Ayrault (qui avait trouvé "minable" son départ à Néchin en Belgique), "l'acteur" menace de demander la nationalité belge.

 

Eh bien, qu'il y aille ! Depardieu déclare avoir payé 146 millions d'euros en 45 ans et d'avoir suffisamment donné, qu'il a payé pour une Sécu qu'il n'a jamais utilisée, etc. Bref, Depardieu, dont le seul mérite à mes yeux est d'avoir tourné Les Valseuses, son seul vrai bon film, veut se casser : eh bien, qu'il se casse ! On le présente comme une icône française du cinéma, alors qu'en tant qu'acteur, il n'est capable de ne jouer qu'un seul rôle, le sien. Il serait amusant de remplacer les bandes son de différents films, d'Astérix à 1492 : je suis persuadé qu'on y verrait aucune différence. Pour moi, un vrai acteur, c'est quelqu'un qui s'efface devant son personnage, et non quelqu'un qui ne fait que jouer le même rôle avec des textes différents.

Bref, c'est une question de goût personnel. Revenons au sujet. Car c'est systématique : dès qu'on touche à leur petite fortune, ils se cassent, prétextant qu'ils ont assez payé durant leur carrière. Je me souviens de Hallyday disant en 2007 qu'il avait payé 1 milliard d'euros, et que çà suffisait comme ça. 1 milliard d'euros, cela veut dire qu'il lui en reste autant ! Et je pense qu'avec une telle fortune on peut vivre, non ? Récemment, on nous dit que Carlos Gohn, PDG de Renault a gagné 13 millions d'euros et que la nouvelle taxe à 75 %, touchant les revenus au-delà de 1 million d'euros annuel (en dessous c'est la tranche à 45 % qui s'applique), va payer 9 millions d'impôt. Il lui reste donc pour vivre 4 millions d'euros, soit plus de 333 000 euros par mois. Ce n'est pas si mal, non ? Nous sommes en pleine crise. Une crise provoquée par les bulles financières qui, les unes après les autres, explosent à la face de ceux qui les ont créées. Dans nos pays dits développés, des millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté, des gens crèvent de froid dans la rue, des travailleurs ne trouvent pas de logement décent, des milliers de familles vivent dans la précarité. Et quelques-uns gagnent des fortunes sans vouloir participer à un effort indispensable et provisoire. Les exemples fourmillent. Sportifs, acteurs, mais aussi industriels ou grands patrons qui s'exilent au prétexte de ne pas lâcher un euro de plus. C'est lamentable. Au-delà du cas Depardieu, qui, après tout, fait ce qu'il veut (tout comme le public pourrait aussi boycotter ses films, ce qui ne nuirait nullement à leur culture). Ce n'est pas le cas de certains patrons qui n'hésitent pas à délocaliser pour fabriquer leurs produits dans des conditions dignes de l'industrie du 19° siècle, tout en créant de la pauvreté dans leur pays d'origine (rappelons que le chômage est payé par les travailleurs et aussi les innombrables PME étranglées par ces comportements de patrons voyous).

Nous, consommateurs, disposons d'une arme imparable : le boycott ! Quand le groupe Unilever ferme les usines historiques d'Amora à Dijon, mettant sur le carreau 600 salariés, il ne serait pas compliqué de boycotter les marques du groupe (Amora, Maille, Lesieur, etc.). On peut se passer de moutarde, non ? Quand Danone ferme l'usine, rentable, Lu à Calais, on peut se passer de leurs biscuits ! Quand Philips ferme son usine de Dreux, quoi de plus simple de ne plus acheter leurs produits fabriqués en Corée ou en Chine ? Mais non, personne ne bouge, personne ne dit rien. Quelques grèves, quelques images dans les JT – s'il n'y a rien de plus important à dire, comme la neige en hiver ou les déboires de DSK – et puis c'est fini. Et les caisses sont de plus en plus exsangues, à cause de l'égoïsme de certains.

Il serait temps que nous recommencions à produire ce que nous sommes capables de produire mais que nous importons massivement aujourd'hui. Et sur ce point je suis d'accord avec Mélenchon : si certains veulent partir, eh bien, qu'ils le fassent ! Cela nous fera de l'air. Et j'ajoute que, derrière, ils n'ont qu'à vendre leurs produits à ceux qu'ils exploitent. On verra bien si ça marche ! C'était le coup de gueule du jour.